Conte Gourmand du Marchand et du genie

Pour ce 2ème conte, c’est une évasion dans le désert que Schéhérazade conte au sultan.

La version authentique des Mille et une Nuits :

Un riche marchand en voyage traverse le désert pour s’occuper de ses affaires qu’il avait dans plusieurs pays. Alors qu’il aperçoit une oasis luxuriante et rafraichissante, il décide de s’y arrêter pour se reposer. Avant de quitter son foyer, il avait bien pris soin d’emporter quelques pains ronds et des dattes pour se restaurer. Pendant qu’il déguste ses vivres, accoudé à un arbre noyer et au pied d’une source, il jette négligemment les noyaux des dattes autour de lui. Rêveur, il se laisse doucement bercé par le clapotis de l’eau et le silence du désert.

C’est alors qu’un gigantesque génie armé apparait : furieux, il accuse le marchand d’avoir tué son fils avec un noyau de datte. Il souhaite lui ôter la vie pour se venger. Le marchand, paniqué, émeut tout de même le génie lorsqu’il tente de prouver son innocence et arrive à obtenir de lui un délai d’un an pour faire ses adieux à sa famille et régler ses affaires.

Honnête, le marchand tient parole et court retrouver sa famille à laquelle il conte sa triste mésaventure et surtout sa promesse. Un an s’écoule où il organise ses affaires et fait ses adieux à ses proches avant de se mettre en route.

Sur le chemin du retour auprès du génie, il se laisse aller au découragement et à la peur. Il se lie d’amitié à 3 vieillards à qui il conte son serment. Les 3 nouveaux compagnons du marchand sont intrigués par cette étrange mésaventure et décide de rester pour lui tenir compagnie. Une fois le génie arrivé, celui-ci s’apprête à se venger aussitôt mais l’un des vieillards arrive à détourner l’attention du génie en lui proposant un marché : il lui contera une histoire, et si celle-ci lui plait, il lui accordera un tiers de la vie du marchand. Les deux autres vieillards s’ajoutent au marché, et ensemble sauvent le marchand après avoir ravi le génie par leurs récits. Fou de joie, le marchand les remercie chaleureusement et part retrouver sa famille.

La version Maymana :

Et si le marchand avait réussi à convaincre le génie de son innocence ? Ayant gardé son sang-froid, il aurait pu argumenter en expliquant au génie qu’il n’aurait pas pu, pauvre homme dépourvu de forces, tuer un enfant avec un simple noyau de datte. Tout au repos dans son oasis, son unique ambition était de se restaurer au calme avant de reprendre la route. 

Le génie commence à s’attendrir. Le marchand l’invite alors à se joindre à lui pour lui prouver sa bonne foi. Sortant de ses fontes de voyage de quoi faire un thé, il installe son hôte confortablement et commence à faire un feu. Il puise de l’eau de la source pour en remplir la théière, dispose un beau bouquet de menthe fraîche qu’il gardait pour le thé de son dîner, et ajoute délicatement une petite quantité de thé vert, plante précieuse et recherchée venue d’Orient

L’odeur suave du breuvage sucré ne manque pas d’aplanir définitivement les pensées du génie. Tandis que le marchand sert le thé selon le rituel traditionnel, le génie est séduit par les gâteaux que le marchand lui propose en accompagnement. Le premier qu’il saisit est un gâteau à la datte, sablé gourmand aux notes de fleur d’oranger renfermant un cœur de dattes, délicat comme du velours.  Il dévore dans la foulée une jolie datte Mejhoul fourrée à la noix dont la chair mielleuse et savoureusement fruitée ravit aussitôt ses papilles. Cédant à la tentation et à l’hospitalité princière que lui donne le marchand, il termine sa dernière tasse de thé avec un makrout à la fine semoule et à la datte.

Les deux nouveaux amis discutent maintenant tranquillement. Le génie aperçoit dans les sacs de voyage de son compagnon des petits pains ronds. Redevenu méfiant, il se demande si l’hospitalité du marchand est sincère pour ne pas lui en avoir proposé. 

- Quels sont donc ces petits pains ronds ? demande alors le génie. 

- Il s’agit de petits harchas, pains à la semoule. Hélas, mon bon ami, ce mets n’est pas digne de toi car je n’ai pas ce délice de mon pays qui le rend exceptionnel : l’Amlou, cette pâte à tartiner que font les femmes berbères avec des amandes et du miel de l’Atlas, et la très précieuse huile d’argan. J’en ai terminé ce matin le peu qu’il me restait. 

- Alors, pour te remercier de ton honnêteté et de l’hospitalité que tu m’as réservée, il est juste que cela soit à mon tour de te faire un cadeau car j’ai mangé avec toi toutes les vivres nécessaires à la suite de ton voyage

Le génie se lève alors, et remercie rapidement son hôte avant de disparaitre dans une volute de fumée. Alors que le marchand, encore abasourdi de son aventure, range ses affaires pour reprendre sa route, il découvre à côté des petits harchas un pot dAmlou. Enchanté, il se promet de raconter son histoire à sa femme et ses enfants à son retour. 

Le saviez-vous ? Le récit des 3 contes des 3 vieillards constituent la suite de ce conte du marchand.

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